Partie 3 b) : Le directeur du Conseil d'Administration de l'hôpital de l'Aigle s'exprime sur ce sujet

Après avoir interrogé les directeurs des soins infirmiers de l'Aigle et de Verneuil-sur-Avre, nous avons voulu approcher l'hôpital à un plus haut niveau en interviewant le directeur du conseil d'administration de l'hôpital de l'Aigle, Mr Pinot, qui est également maire de la ville de l'Aigle.

• Quelle place occupez-vous à l'hôpital ? Et quel est précisément votre rôle ? Est-il politique ?

Je suis le président du Conseil d'Administration. Il y a plusieurs collèges présentés (CME, collège médical, cadres hospitaliers, collège administratif, collège d'infirmiers, collège de maison de retraite, syndicats, élus locaux, conseil général..). Notre rôle est de déterminer la politique de l'hôpital. Nous avons un devoir d'écoute et d'impulsion de l'hôpital. Nous prenons des décisions sur l'organisation territoriale et traitons en fonction de la spécialité ; chaque hôpital ne fait pas tout. Les déplacements sont programmés.

• Avez-vous beaucoup d'influence sur les décisions prises à l'hôpital ?

On ne peut pas dire que ce soit le directeur qui décide tout. Mon rôle est de peser le pour et le contre des différents collèges, de coordonner les avis. On lie les différentes personnes.

• Pensez-vous que tout le monde possède un même accès aux soins en Normandie, autant que dans les autres régions ?

Non, le droit à la santé est plus que correct en France comparé aux autres pays mais le facteur économique entre en jeu. La santé n'a pas de prix mais elle a un coût. Il existe des mutuelles et des prises en charge de l'État mais toujours un déséquilibre financier. Il y a un déficit de la Sécurité Sociale. La question est de savoir si la nation peut payer ce déficit qui permet l'accès à la santé à tous. On nous demande de la rentabilité en matière de santé. Le droit à la santé est un peu moins équitable en zone rurale qu'en zone urbaine. Également, il y a de plus en plus de besoins et de moins en moins de praticiens et qui ne s'installent pas ici ; ce qui cause une baisse de la démographie. Aussi, les soins étaient auparavant gratuits alors qu'aujourd'hui ils sont à moitié payants, ce qui cause un manque d'égalité.

• Selon vous, qu'est-ce qui pourrait être amélioré dans la région au niveau du service hospitalier ? Est-ce possible dans le contexte actuel ?

Il faudrait améliorer les conditions d'accueil en médecine libérale, notamment des spécialistes afin de permettre à l'hôpital public de recevoir moins de patients. Il faudrait aussi reconstruire un hôpital neuf, ce qui coûterait 50 millions d'euros. Il y a une possibilité d'améliorer le service public même dans le contexte actuel. Le système français doit être rendu plus efficace et coûter moins cher. Je suis sûr qu'on peut avancer dessus. Tout le monde doit participer, même les libéraux car au fond ils sont payés par l'État. Il faut éviter une médecine à deux vitesses riches/pauvres.

• Que pensez-vous de la position de l'Aigle dans la région ?

L'Aigle est plutôt bien desservie avec le maintien de l'hôpital public mais le regard de la santé se fait au niveau territorial.

• Quelles sont les craintes que vous avez au niveau des hôpitaux publics de la région ? Quelles sont les craintes générales dans les hôpitaux publics en France ?

Au niveau régional, nous craignons une fermeture qui serait catastrophique pour la démographie car la population ne s'installerait plus ici. Le seul hôpital disponible aussi important que l'Aigle serait à une heure de route. Également, cela ferait disparaître des emplois. Au niveau national, ce serait la même reproduction. Il y a un excellent système en France mais celui-ci coûte trop cher. Tout le débat réside dans le droit à la santé pour tous, l'équilibre service public / service financier. C'est un débat d'intérêt général qui ne concerne pas la gauche ou la droite. Tout le monde doit chercher à éviter l'endettement.

• Collaborez-vous beaucoup avec les syndicats hospitaliers en tant que maire ?

Oui, ils sont un élément important de l'hôpital. C'est une obligation de travailler avec eux et ils travaillent beaucoup pour le redressement de l'hôpital public.

La CGT (Confédération Générale du Travail) est le syndicat le plus actif à l'hôpital de l'Aigle. Au sein du Conseil d'Administration, la CGT joue un rôle très important et est souvent amenée à donner son avis.

Le directeur du Conseil d'Administration pense que l'accès aux soins n'est pas égal dans notre région. Pour lui, comme pour Patrick Pelloux, il est nécessaire de garder des petites structures hospitalières ouvertes. En revanche, M. Pinot accorde plus d'importance au budget alors que Patrick Pelloux est contre la mise au centre de celui-ci. M. Pinot ajoute également qu'avoir plus de médecins libéraux dans les campagnes diminuerait la charge de travail des hôpitaux publics, ainsi le public est étroitement lié au privé.