Introduction a) : Que se passe-t-il dehors ?
Septembre et octobre 2000, la maternité et la chirurgie de Verneuil-Sur-Avre ferment.
6 mars 2008, grève du personnel hospitalier de l'Aigle pour le maintien de l'établissement.
2008-2009, 50 emplois supprimés à l'hôpital de Lisieux et 2 services de chirurgie regroupés.
2009, menace de fermeture du service de chirurgie à l'Aigle.
17 octobre 2009, manifestation des syndicats à Lisieux pour défendre l'avenir des hôpitaux.
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1. 6 mars 2008, manifestation dans les rues de l'Aigle.
2. 17 octobre 2009, manifestation devant l'hôpital de Lisieux.
Depuis quelques années, l'hôpital public est en crise, et notamment dans notre région qui est une zone rurale, c'est-à-dire relative à la campagne. Tous ces événements se succèdent dans l'Eure et l'Orne, départements particulièrement pauvres en hôpitaux publics. Tout cela nous amène à traiter de l'égalité socio-spatiale au niveau du service public hospitalier.
Introduction b) : Qu'est-ce que le service public hospitalier ?
La France est considérée comme un pays modèle du point de vue de son service public, notamment au niveau de son service public hospitalier. L'intervention de l'État dans le domaine de la santé favorise la solidarité ; c'est la priorité de l'État. Cette notion est souvent confondue avec celle du secteur public.
Le secteur public est l'ensemble des entreprises produisant des biens (comme Adidas qui produit des équipements sportifs par exemple) ou des services (comme La Poste) et dont le capital est contrôlé par les pouvoirs publics. Cependant, ces biens ou services peuvent aussi être produits par des entreprises privées.
Le service public regroupe les activités considérées comme d'intérêt général et dont la logique est non lucrative. Une entreprise peut donc appartenir à la fois au secteur public et relever du service public, comme l'hôpital public.
Économiquement parlant, bénéficier du service public hospitalier, c'est participer à la consommation collective, c'est-à-dire, la consommation de services non marchands produits par les administrations publiques et dont bénéficient les agents économiques.
Introduction c) : Qu'est-ce que l'égalité socio-spatiale ?
L'égalité socio-spatiale est un principe instauré par l'État qui se base sur trois grands critères :
- Le même accès économique aux services publics : Tout individu peut bénéficier des services publics quel que soit son revenu.
- Le même accès géographique aux services publics : Bien sûr il est impossible pour tous les habitants de France de vivre à cinq minutes de l'hôpital le plus proche. C'est pour cela que l'État a fixé une limite de 45 minutes de route entre l'individu et l'hôpital le plus proche de son domicile.
- La même qualité de services : C'est-à-dire que chaque individu doit disposer du même accès de qualité aux soins prodigués.
Le contexte actuel rend plus difficile l'application de ce principe. En effet, depuis plusieurs années, l'hôpital croûle sous les réformes et cherche à faire de moins en moins de dépenses notamment en fermant certains services. Ce qui peut nous amener à nous poser la question :
.
Le service public hospitalier respecte-t-il
l'égalité socio-spatiale vis-à-vis des patients en
zone rurale ?
.
Introduction d) : Annonce du plan
Nous prenons comme point de départ les patients qui sont les premiers concernés par l'égalité socio-spatiale puis nous nous intéresserons au personnel hospitalier, en contact régulier avec les patients et qui conditionnent le ressenti des patients. Pour finir nous aborderons le comportement du personnel de direction, qui eux conditionnent le comportement du personnel hospitalier.
Sommaire
Partie 1 - Les patients sont confrontés à l'égalité socio-spatiale
Quelle est la situation des patients vis-à-vis de l'égalité socio-spatiale ?
a) Avant de débuter ce TPE, nous avions chacune nos préjugés ici
b) Une enquête a été réalisée sur la population concernée ici
c) Les résultats des questionnaires de satisfaction de l'hôpital de Verneuil-sur-Avre ont été recueillis ici
d) Nous avons réalisé des cartes et des vidéos traitant de la proximité des soins vis-à-vis des patients ici
Partie 2 - Le personnel hospitalier fait face à cette égalité socio-spatiale
Quels sont leurs rôles et leurs opinions ?
a) Le personnel hospitalier subit les conditions de travail ici
b) La satisfaction des patients est vue par le personnel hospitalier ici
c) Les syndicats donnent leur avis ici
d) Patrick Pelloux partage son opinion, ses vidéos ici
e) Une infirmière en zone urbaine donne son avis quant au décalage zone urbaine / zone rurale ici
f) Le personnel hospitalier fait face au choix public / privé ici
Partie 3 - Le personnel de direction adopte un comportement spécifique face à l'égalité socio-spatiale
Comment le personnel de direction tente-t-il de faire respecter cette égalité socio-spatiale ?
a) L'hôpital s'organise ici
b) Le directeur du Conseil d'Administration de l'hôpital de l'Aigle s'exprime sur ce sujet ici
c) L'hôpital recherche l'amélioration ici
d) La réforme Hôpital, Patients, Santé et Territoire concrétise cette amélioration ici
Conclusion
Bibliographie
Partie 1 a) : Avant de débuter ce TPE, nous avions chacune nos préjugés
Afin de fonder notre TPE, nous sommes parties de nos propres préjugés. Nous nous sommes concertées : que pensait chacune de l'hôpital ? de l'égalité socio-spatiale ? Et nous avons réalisé que nous partagions des points de vue différents sur le sujet.
Ludivine pensait que l'égalité socio-spatiale était plutôt respectée puisqu'elle est établie par la loi. Les limites de cette égalité paraissaient juste plutôt larges pour certains mais elle pensait qu'elle était en fait tout à fait respectée. Elle imaginait également que les hôpitaux de proximité bénéficiaient de moins d'avantages que les hôpitaux de zone urbaine. Pour finir, elle croyait que beaucoup d'hôpitaux avaient une mauvaise réputation du fait que les urgences avaient tendance à prendre beaucoup de temps pour accueillir certains patients.
Laure D. Élisa N. Ludivine B.
Laure et Élisa avaient elles une vision plus négative de la santé publique en zone rurale. Elles pensaient que l'égalité socio-spatiale n'était clairement pas respectée et que de nombreux patients étaient très désavantagés géographiquement. Elles pensaient aussi que les patients n'avaient pas la même qualité de soins et d'accès dans l'Orne et l'Eure que dans d'autres régions et que les petits hôpitaux manquaient de bon personnel et de moyens car délaissés par l'État.
Partie 1 b) : Une enquête a été réalisée sur la population concernée
Afin d'étayer nos préjugés, nous avons décidé de réaliser une enquête quantitative basée sur la population concernée dans la région, c'est-à-dire l'ensemble de la population ayant déjà subi une hospitalisation et pouvant témoigner objectivement. Nous avons voulu voir si l'égalité géographique était respectée pour les habitants de la région, par exemple.
Ludivine et Laure en train d'enquêter (Elisa prend la photo)
Pour concevoir notre enquête quantitative, nous avons commencé par choisir un échantillon représentatif des agents économiques ayant déjà fait un séjour à l'hôpital. Nous avons interrogé 110 personnes de sexes et d'âge différents allant de 15 à 89 ans afin d'avoir un échantillon représentatif de la population concernée.
Nos questions traitent de la proximité ainsi que de la qualité des soins dans notre région au sein du service hospitalier. Nous avons d'abord désiré avoir quelques renseignements sur l'âge et le lieu d'habitation des personnes interrogées. Nous leur avons ensuite posé les questions suivantes :
- À combien de minutes en voiture se trouve l'hôpital le plus proche de chez vous ?
Moins de 15 minutes
Entre 15 et 30 minutes
Entre 30 et 45 minutes
Plus de 45 minutes
- Comment qualifiez-vous les services dont vous bénéficiez dans l'hôpital le plus proche de chez vous ?
Médiocres
Corrects
Très bons
- Si vous vous cassiez un bras, iriez-vous à l'hôpital le plus proche de chez vous ?
Oui
Non
- Si vous avez déjà subi une grosse intervention, vous vous êtes fait opérer ...
Dans l'hôpital le plus proche de chez vous
Dans un hôpital moins proche mais plus important et pourquoi ?
Car le service n'était pas proposé dans l'hôpital local
Meilleure qualification
Ces questions nous permettent d'avoir une vision plus claire de la situation des patients vis-à-vis de l'égalité socio-spatiale.
(pour agrandir l'image, cliquer dessus)
Ce graphique présente la situation spatiale des patients dans notre région, c'est-à-dire le nombre de minutes en voiture que les patients mettent pour atteindre l'hôpital le plus proche de chez eux. Ainsi, nous découvrons que 61,47% des personnes interrogées prennent moins de 15 minutes pour s'y rendre alors que 33,03% vivent entre 15 et 30 minutes de l'hôpital le plus proche. Une minorité de 3,67% se situe entre 30 et 45 minutes de celui-ci et seulement 1,83% sont à plus de 45 minutes.
D'après ce document, l'égalité spatiale est respectée. En effet, la majorité de la population étudiée se situe à moins de 45 minutes de l'hôpital le plus proche de chez eux, comme le veut la loi. Seulement quelques cas isolés font abstraction de cette loi.
Ce graphique nous indique l'avis des patients au sujet des soins prodigués dans l'hôpital le plus proche de chez eux. La plupart des personnes interrogées semble satisfaite de la qualité des soins avec 66,06% qui la trouvent correcte et 7,34% qui la trouvent très bonne. Néanmoins, 26,61% des patients la jugent médiocre, ce qui n'est pas négligeable.
Ainsi, plus d'une personne sur quatre considère la qualité des soins comme étant médiocre.
Ce graphique présente le choix des patients si jamais ils se cassaient un bras. Choisiraient-ils l'hôpital le plus proche de chez eux ? La majorité des personnes interrogées (80%) irait dans l'hôpital le plus proche de chez eux et 20% iraient dans un hôpital moins proche mais plus important.
Cela signifie que pour une petite intervention, la sécurité des patients est assurée en zone rurale puisque 80% d'entre eux font confiance à l'hôpital le plus proche de chez eux.
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Ces résultats nous montrent concrètement le choix des patients entre l'hôpital le plus proche de chez eux et un hôpital moins proche mais plus important face à une grosse opération. 13,4% des patients choisissent de se rendre à l'hôpital le plus proche de chez eux contre 86,6% qui vont dans un hôpital moins proche mais plus important. Les motivations pour se rendre dans un hôpital moins proche ne sont pas toujours les mêmes ; 46,5% recherchent une meilleure qualification qu'ils pensent ne pas bénéficier à l'hôpital le plus proche, 29,7% n'ont pas eu le choix car le service dont ils avaient besoin n'était pas disponible dans l'hôpital le plus proche et, enfin, 23,8% vont dans un hôpital plus important pour ces deux raisons.
Partie 1 c) : Les résultats des questionnaires de satisfaction de l'hôpital de Verneuil-sur-Avre ont été recueillis
Pour avoir plus de renseignements sur la qualité des soins dans les hôpitaux, nous avons choisi d'utiliser le résultat des questionnaires de satisfaction de l'hôpital de Verneuil-sur-Avre qui ont été mis à notre disposition après une simple demande.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Ce questionnaire de satisfaction rend compte de l'avis des patients à propos de la qualité des services hospitaliers. Pour les soins médicaux, 29% des personnes ayant répondu au questionnaire se disent très satisfaits de cette prestation, 71% d'entre eux se disent satisfaits et aucune personne ne se dit peu satisfaite ou insatisfaite. En ce qui concerne les soins infirmiers, là aussi personne n'est peu satisfait ou insatisfait, 24% des patients sont très satisfaits et 76% sont satisfaits de ces services.
Ce questionnaire nous affirme, en plus de notre enquête quantitative, que la majorité des personnes est satisfaite voire très satisfaite des services dont elle bénéficie. Cependant, le taux de participation de ce questionnaire est seulement de 28%, la plupart des patients ne prennent pas le temps d'y répondre et donc l'avis de nombreux patients n'apparaît pas dans ces questionnaires.
Partie 1 d) : Nous avons réalisé des cartes et des vidéos traitant de la proximité des soins vis-à-vis des patients
Pour mieux représenter les situations dans lesquelles peuvent se trouver les habitants de zone rurale, nous avons décidé d'utiliser un système de cartes illustrant les inégalités spatiales qui peuvent survenir parmi les patients.
Pour commencer, nous avons voulu partir d'un exemple nous concernant, nous avons donc choisi nos propres cas. Laure habite à Rugles, situé à 9km de l'hôpital le plus proche, l'Aigle. Ludivine réside à Neaufles-Auvergny, à 15km du même hôpital qui est également le plus proche. Quant à Élisa, elle habite à St Sulpice sur Risle, à 3km de l'hôpital de l'Aigle.
Qui est la plus désavantagée d'entre nous ?
Résultat : En voiture, Élisa se trouve à 3 minutes de l'hôpital de l'Aigle. Ludivine, elle, met 16 minutes. Quant à Laure, elle y arrive en 9 minutes. Ludivine qui habite à 15 kilomètres, soit 16 minutes de l'hôpital le plus proche de chez elle, est donc la plus désavantagée d'entre nous en cas d'urgence.
Élisa Ludivine Laure
Ensuite, nous avons souhaité étudier la situation des habitants de l'Aigle si jamais ils voulaient passer une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) qui est un examen irremplaçable dans certains cas. Il s'agit d'une technique d'imagerie médicale permettant d'avoir une vue précise d'une partie du corps ; elle est très utilisée pour le cerveau par exemple.
Nous avons également situé sur la carte les hôpitaux de proximité et locaux du territoire que nous étudions.
Si Etienne F., habitant de l'Aigle, veut passer une IRM, où peut-il se rendre ? Est-ce loin ?
Etienne F.
Hôpital de proximité : Son rôle est de répondre à des besoins de première intention. Il peut diversifier ses activités et développer des consultations avancées. C'est un hôpital plus important que l'hôpital local.
Hôpital local : Son rôle est de s'occuper des soins les plus simples et de courte de durée. Le but est de permettre des soins de proximité en cas d'urgence.
Résultats : Les plus proches hôpitaux où il est possible de trouver une IRM se situent au minimum à 52 minutes de route soit 58km.
La réaction d'Etienne en vidéo
Etienne pleure car l'IRM la plus proche lui semble loin et il se sent désavantagé par rapport aux patients habitant à proximité.
Antoine G. et Mélanie A. sont un jeune couple attendant un enfant et habitant Margon. Mélanie est sur le point d'accoucher et doit se rendre de toute urgence dans l'hôpital le plus proche.
Mais quel est-il ? Combien de temps devra souffrir Mélanie de ses contractions avant d'arriver à l'hôpital ?
(voir carte ci-dessus)
Résultat : Antoine G. et Mélanie A. devront se rendre à Chartres, hôpital de proximité situé à 53km, c'est-à-dire à 45 minutes de Margon.
À la suite de ce cas, nous allons faire un point sur la situation des maternités en France. Les petites villes craignent de plus en plus les déserts médicaux à cause du projet du gouvernement de fermer les blocs opératoires effectuant moins de 1500 séjours par an, ce qui est alarmant.
Pour finir, nous allons présenter le cas de Corentin B., habitant d'Irai qui nous raconte l'histoire de sa soeur, Marie-Lou.
Corentin B.
La vidéo de Corentin et son point de vue personnel sur la question de l'égalité socio-spatiale
Afin de mieux comprendre son cas, nous avons situé sur une carte la ville d'Irai et Verneuil-sur-Avre où se trouve l'hôpital local qui a intervenu.
Les patients, point de départ de notre réflexion, semblent satisfaits, dans l'ensemble, du service hospitalier proposé. Cependant, la proximité de certains hôpitaux en zone rurale laisse à désirer comme le montrent nos cartes. Nous savons que l'égalité des soins dépend principalement du personnel soignant. Où en est-il avec l'égalité socio-spatiale ? Est-il responsable des différences de qualité reprochées par les patients ?